J’étais récemment invité par Décathlon en tant que jury de la 5ème édition de leur Business Game annuel : Les Coéquipiers.
Anatomie d’un Business Game qui a tout d’un joker pour la marque employeur…
A Villeneuve d’Ascq on met les petits plats dans les grands en 2016 : Decathlon a 40 ans.
L’espace de co-création, où clients et collaborateurs peuvent échanger autour de leurs idées et des innovations produits, ressemble à un plateau de télévision. Les 6 équipes d’étudiants sont en pleine préparation avant la dernière étape du concours, et les collaborateurs de l’entreprise leur donnent quelques conseils de dernière minute pour peaufiner leur présentation.
Après avoir notamment travaillé sur le Marketing Produit et la Relation client, les étudiants planchent cette année sur un sujet qui m’intéressait particulièrement : « Clients et Collaborateurs : tous ambassadeurs ».
Concept :
Les RH de Décathlon se rendent dans les écoles pour présenter le Business Game et inviter les étudiants à se lancer dans l’aventure. Des équipes de 4 étudiants proposent toutes un projet novateur qui doit correspondre au thème du jeu, et qui doit pouvoir s’inscrire dans le projet global de l’entreprise sur 5 ans et être incubé en interne.
L’équipe gagnante peut reverser un prix de 8000€ à un projet solidaire en lien avec le sport.
Déroulé :
140 dossiers ont été déposés, et seules 20 équipes ont été retenues sur la qualité de leur projet. Ces 20 équipes ont alors chacune réalisé une video mise en ligne, et elles avaient pour mission de faire buzzer cette video au maximum afin d’obtenir des likes sur une plate-forme dédiée. Les 6 équipes ayant reçu le plus de soutien étaient invitées à passer une semaine sur le campus Decathlon et à rencontrer les collaborateurs.
Côté entreprise c’est un travail d’organisation national et titanesque qui est porté chaque année par un Responsable RH différent, accompagné d’un autre RH qui sera le responsable de l’itération de l’année suivante. Arnaud Lagoutte, RRH Zone Est et Responsable du Business Game 2016, a travaillé pendant 6 mois sur ce sujet en plus de ses missions opérationnelles : « Il ne faut pas être trop ambitieux dans la construction du Business Game, il faut trouver la bonne formule et être capable de suivre toute l’année. On doit également trouver des collaborateurs pour coacher les étudiants et faire monter les dossiers. Ce projet est perçu de manière très positive par nos équipes en interne, les gens s’intéressent beaucoup au concept, car il crée du lien. »
Résultats :
Jugés sur la pertinence de leur projet mais également sur leur capacité à se projeter pour le mettre en oeuvre de manière crédible, les étudiants ont présenté à travers des mises en scènes variées leurs projets, toujours en mettant l’accent sur l’innovation.
L’équipe sélectionnée (les « Décat’on » de l’IAE Poitiers, bravo à eux) a eu pour projet de développer une application mobile qui permet la rencontre entre passionnés du sport, clients comme collaborateurs, à travers différentes interactions : co-création, coaching sportif, parcours clients individualisés… le tout dans le but d’impliquer les ambassadeurs dans un engagement durable avec la marque.
Au final, est-ce vraiment un business game ?
La dimension « jeu » et l’aspect « simulation » qui sont propres à un Business Game sont finalement peu présents dans le dispositif de Décathlon. J’ai à prime abord eu un peu de mal à comprendre le déroulé de l’opération, qui m’apparaissait comme plutôt scolaire dans l’approche : on apporte des idées, on se projette sans tenir compte d’un cadre précis et on fait une présentation devant un jury. Je ne retrouvais ni la dimension Business ni la dimension Game !
Mais c’est parce que je pensais à ce Business Game comme à un outil de recrutement. Et il n’en est pas un.
L’intérêt de ce dispositif n’est en effet pas d’évaluer des étudiants en situation dans le but de les recruter (même si l’on ne dit jamais non à un bon recrutement qui arriverait au passage !). Le concours est d’ailleurs ouvert à tous les étudiants de la 1ère à la 5ème année.
Tout l’atout de cette opération est d’ouvrir les portes de l’entreprise, de faire découvrir les métiers et d’augmenter la porosité entre les écoles et les différents services de l’entreprise. Mais l’enjeu est ici bien plus grand, puisqu’il s’agit d’impacter la marque employeur à un niveau national et durable.
Les étudiants ont tous passé une semaine entière en immersion au sein de l’entreprise et rencontré des professionnels dans presque tous les métiers de Décathlon. Ils ont partagé leurs valeurs à leurs côtés et ont pu participer à des activités variées (et notamment sportives) ensemble. Et c’est ça la plus belle réussite de l’opération.
Ce Business Game est un outil qui est destiné à créer de l’échange et à faire vivre une expérience à des étudiants, qui deviendront de réels ambassadeurs de la marque au sein de leurs écoles.
« C’est un projet qui est né en même temps que la marque employeur chez Décathlon » raconte Yann THOMAS, DRH & Responsable Communication : « Le but est d’augmenter la visibilité pour avoir une meilleure désirabilité auprès des étudiants, et de faire parler des métiers de l’entreprise plus méconnus, notamment en découvrant le back-office ».
Les piliers de leur marque employeur ? Passion du sport, Responsabilisation, Droit à l’erreur et Parcours collaborateurs.
Pari réussi pour Décathlon, qui gagne quelques bonnes idées, du contact frais entre ses équipes et les étudiants, et surtout un affect certain pour une marque employeur qui a su capitaliser sur son ADN.
Encore un exemple en faveur de l’équation :
Marque Employeur = Transparence de l’entreprise + Engagement des collaborateurs
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